Analyse du plafond salarial : le CH en bonne posture

Si la saison 2025-2026 s’annonce prometteuse pour le CH, les deux années suivantes seront encore plus intéressantes. Avec une augmentation significative du plafond salarial et plusieurs contrats qui viendront à échéance, Kent Hughes et Jeff Gorton auront plusieurs décisions importantes à prendre.

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Comment approcher le plafond salarial

Avec la hausse du plafond salarial, la direction du CH doit décider comment approcher la gestion financière de l’équipe par rapport à sa fenêtre d’opportunité. Lorsque le CH signera Demidov, probablement pour un contrat de 8 ans, le Tricolore aura ses 4 piliers en attaque sous contrat jusqu'en au moins 2030. Ainsi, Cole Caufield, Nick Suzuki, Juraj Slafkovsky et Ivan Demidov, en comptant cette année, auront une fenêtre de 5 ans avant l’échéance du contrat de Suzuki.

Pour tenter d’analyser une gestion de cette masse salariale, nous avons produit les formations projetées des deux prochaines années pour voir à quoi ressemblera le portrait financier du CH. Pour effectuer cet exercice, nous avons procédé à quelques hypothèses :

·  Zachary Bolduc restera avec le CH pour un contrat à moyen-long terme d’environ 6 millions de dollars par année.

·  Un joueur parmi David Reinbacher ou Adam Engstrom aura un poste régulier dans la formation du CH l’an prochain.

·  Michael Hage signera son contrat d’entrée dans la LNH à la fin de la saison.

·  Les attaquants 11, 12 et 13 et les défenseurs 6 et 7 auront un salaire annuel d’environ 1 million de dollars. Cette hypothèse arrondit vers le haut les salaires moyens de joueurs de soutien et de ceux sur leur contrat d’entrée.

·  Les plafonds salariaux des années 2026-2027 et 2027-2028 passeront à 94 millions et à 103,5 millions de dollars respectivement.

Masse salariale projetée du CH en 2026-2027

Le CH se retrouverait avec un peu plus de 18 millions de masse salariale disponibles pour combler un poste à l’attaque et un poste à la défense. Comment la direction du Tricolore devrait-elle voir cet espace ? Les hypothèses sont multiples, mais les deux trous présents dans notre tableau correspondent à deux besoins/questions que le duo Hughes-Gorton analyse sans doute : Est-ce qu'on re-signe Mike Matheson, et comment abordons-nous le poste de deuxième centre ?

En ce sens, le portrait de l’alignement du CH est assez clair. Même si l’équipe ne renouvelle pas le contrat de Mike Matheson, il est évident qu’elle sera à la recherche d’un défenseur vétéran top 4. Au centre, on a déjà exploré la situation et il semble évident que la solution trouvera son compte à l’externe, via une transaction. La question demeure de voir si l’on privilégie un centre vétéran à court ou moyen terme, en espérant le développement de Michael Hage, ou si l’on cherche un centre à son plein potentiel capable de combler ce poste sur le long terme.

Un top 6 (top 9) bien rempli

Si la position de centre représente un point d’interrogation, le CH possède une profondeur à l’aile remarquable. Avec Caufield, Slafkovsky, Bolduc et Demidov, le CH possède 4 ailiers qui inspirent une profondeur digne des derniers champions de la coupe Stanley. On ajoute à ce groupe Alexander Zharovsky et Michael Hage qui pourraient se greffer à un top 9, dès 2026 dans le cas de Hage, et en 2027 pour Zharovsky.

Il ne faut surtout pas sous-estimer l’apport que des joueurs sur leur contrat d’entrée peuvent avoir dans une équipe qui aspire aux grands honneurs. On peut penser à Mikhail Sergachev et Anthony Cirelli avec Tampa Bay en 2019-2020, Bowen Byram avec l’Avalanche en 2021-2022 et Anton Lundell avec les Panthers en 2023-2024. Tous ont été des pièces maitresses pour leurs équipes malgré leurs contrats qui ne dépassaient pas le million de dollars.

En misant sur la performance de ces joueurs, le CH pourrait donc se permettre d’accorder des contrats à moyen terme à des joueurs un peu plus vieux (e.g. Mike Matheson), chose qui serait impossible sans posséder des espoirs capables d’intégrer l’équipe. On comprend mieux l’importance de continuer à repêcher, même lorsqu’on juge qu’une équipe a fini de construire sa fondation. 

Le dossier Demidov

À partir de juillet 2026, le dossier le plus crucial deviendra inévitablement celui d’Ivan Demidov alors que celui-ci pourra signer un contrat de huit ans. Il sera très intéressant de voir le salaire qu'on lui offrira chez le CH. Si le jeune Russe connait un bon début de saison, il ne faut cependant pas s’attendre à ce qu’il dépasse les 60-65 points. En ce sens, comment tant le clan Demidov que la direction du CH pourront réellement valoriser l’ailier de 6 pieds 1 pouce ?

Compte tenu du talent démontré et car on peut déjà le projeter comme le joueur le plus talentueux de l’équipe, le salaire de Demidov pourrait se trouver tout juste au-dessus des 10 millions, faisant de lui le joueur le plus payé de l’équipe à 21 ans. Si cette estimation semble optimiste d'un point de vue managérial, elle considère une signature à long terme après une seule saison dans la LNH et une volonté du joueur de prendre un peu moins, à l’image de ce que plusieurs joueurs de l'équipe ont fait. Il n’est cependant pas impossible que le prochain contrat du jeune Russe s’approche des 12-13 millions de dollars.

Masse salariale projetée du CH en 2027-2028

Comment interpréter le portrait salarial du CH en 2027-2028 ?

D’une part, cette masse salariale tient pour acquis que Michael Hage et Alexander Zharovsky seront avec le Tricolore en 2027-2028. Si cette prédiction semble idéaliste, il faut rappeler que ces joueurs seraient davantage utilisés comme des joueurs de soutien. Avec l'ajout d'un deuxième centre, les deux joueurs se trouveraient derrière 6 attaquants, les plaçant par défaut sur un bottom 6.

Comme mentionné plus haut, il ne faut surtout pas sous-estimer l’apport potentiel de ces joueurs. Avec un contrat d’entrée qui finirait en 2027-2028 pour Michael Hage, et en 2029-2030 pour Zharovsky, le CH pourrait bénéficier de 4 années combinées des deux joueurs sur leur contrat d’entrée. On sait cependant qu'un des deux joueurs pourrait très bien être échangé dans une transaction pour un deuxième centre.

L’autre dossier qu’il sera intéressant de suivre sera celui des gardiens. Il semble assez évident que le CH souhaite laisser le temps à Jacob Fowler de se développer avec le Rocket de Laval. On peut tout de même anticiper qu’il pourra faire ses débuts dans la LNH à partir de la saison 2027-2028 et qu’il pourrait faire partie d’un tandem. Est-ce que ce sera Dobes, Montembeault, ou un autre gardien ?

Qu'est-ce que le CH peut se permettre ?

Nous avons vu qu'avec la hausse du plafond salarial, le CH se retrouve avec une belle marge de manoeuvre. Tenons pour acquis des mises sous contrat ou acquisitions des deux priorités évoquées plus haut. À quoi ressemblerait le portrait du CH de 2026-2027 avec un défenseur au salaire de 7 millions par année et un deuxième centre à 9 millions par an ?

Portrait salarial du CH en 2026-2027 avec l'ajout de défenseur vétéran et d'un deuxième centre

À 7 et 9 millions de dollars par année, ces estimations projettent à la hausse la valeur monétaire de ces ajouts potentiels. On préfère cependant surestimer que sous-estimer ces ajouts. Ainsi, avec une formation complète, le CH se retrouverait avec un peu plus de 2 millions de dollars sous le plafond salarial. À quoi le portrait financier de l’équipe ressemblerait-il l’année d’après ?

Portrait salarial du CH en 2027-2028 avec l'ajout d'un défenseur vétéran et d'un deuxième centre

Avec cet alignement, le CH se retrouverait donc avec un peu plus de 22 millions de dollars disponibles sur sa masse salariale pour combler trois postes : deux attaquants de soutien et un gardien en tandem avec Jacob Fowler.

Nous savons bien que ce portrait n’est qu’une approximation. Même s’il est assez réaliste, des changements importants pourraient modifier la structure salariale de l’équipe : des échanges de joueurs, des blessures à long terme ou l’échec de jeunes espoirs à s’imposer avec l'équipe. Toutefois, la logique financière resterait similaire, avec un noyau de joueurs dont les contrats sont assez prévisibles.

Les postes de soutien

Cette analyse n’a pas mis beaucoup d’accent sur les postes de soutien. Seul Jake Evans a un contrat qui l’amène au-delà de notre analyse temporelle. Avec l’arrivée de Michael Hage et d'Alexander Zharovsky, il pourrait rester 3 postes à combler sur le bottom 6. Vu son style de jeu, il ne serait pas surprenant de voir Alex Newhook renouveler son contrat à un montant semblable à ce qu’il empoche présentement.

Il resterait donc quatre ouvertures pour les postes de onzième, douzième, treizième et quatorzième attaquant qui seront sans doute comblées à l’interne et à l’externe. Nous pouvons déjà penser à des joueurs comme Florian Xhekaj et Owen Beck qui auront une chance de se tailler un poste. Est-ce que Josh Anderson pourrait re-signer à rabais ? Ce sera à déterminer.

2027-2028 : la vraie fenêtre s’ouvre

Si plusieurs partisans rêvent à une coupe Stanley dès cette année ou l’an prochain, on voit que le CH aurait une immense marge de manœuvre en 2027-2028 avec plus de 20 millions de dollars disponibles pour combler trois postes. Pourquoi ? Même si ces joueurs nous rendent de fiers services, Brandon Gallagher et Josh Anderson représentent, à eux seuls, une proportion de presque du quart (21 %) de la masse salariale accordée aux attaquants pour, on le rappelle, deux joueurs de quatrième trio. Avec ces contrats qui viendront à échéance en 27-28, la direction du CH aura beaucoup plus de flexibilité quant aux ajouts qu’elle voudra faire. C’est sans doute à ce moment qu’on commencera à la voir active sur le marché des joueurs autonomes.

Que pouvons-nous en conclure ? Le CH peut investir aux postes de deuxième centre et de défenseur top 4. Toutefois, si la direction choisit de privilégier des contrats plus lucratifs pour un ou des vétérans, on peut s'attendre à ce qu'elle ne dépasse pas les années 2030 et 2031, qui correspondent aux échéances des contrats de Nick Suzuki et Cole Caufield.

Une gestion financière, jusqu’ici, brillante

Si cette analyse repose sur une tonne de suppositions, elle permet de mettre en perspective une réalité financière très avantageuse du point de vue de la direction du CH. En effet, l’organisation a presque tous ses piliers sous contrat pour plusieurs années (mis à part Demidov et Bolduc). L’année 2027-2028 représentera ainsi le moment où la direction n’aura plus les mains liées par des mauvais contrats et concordera avec un noyau de joueurs qui seront à leur apogée. Cette gestion de la masse salariale relève d’un travail de génie de la direction qui s’assure de garder un mélange de jeunes et de vétérans.